Les supports de diffusion de connaissance scientifique ont, tout comme ceux qui concernent le commerce, l’information ou les loisirs, migré des étagères des bibliothèques et des centres de recherches vers les hébergeurs en ligne et les plateformes numériques. La consultation des sources et des contenus s’opère de plus en plus fréquemment, si ce n’est systématiquement, via un écran ; même lorsque l’historien entend consulter des archives dites “papier”, il passe d’abord par une base de données. Plus aucune recherche ne se fait sans l’outil numérique et informatique. Au point qu’Emmanuel Le Roy Ladurie qualifia, dès les années 70, de “révolution” cette nouvelle relation entre l’historien et l’ordinateur, mettant en lumière les nouvelles perspectives possibles en rappelant les prouesses de cette machine face au Catasto médiéval.  Ce bouleversement des pratiques offert par “l’histoire-machine” a modifié en profondeur la pratique historienne. 

Plus récemment, la diffusion numérisée constitue une deuxième révolution et alimente l’idée d’une science en perpétuelle ébullition : l’accès aux sources des bibliothèques et des archives du monde entier sans déplacement et la diffusion rapide des recherches à l’échelle internationale déploient de nouvelles perspectives. Cet abaissement des frontières et des contraintes matérielles insère les sciences sociales tant dans des réseaux de chercheurs identifiés que sur la toile accessible à tout un chacun muni d’une connexion internet. 

Dans les facultés de droit, les juristes travaillent quotidiennement avec des bases de données qu’ils contribuent d’ailleurs à alimenter. En histoire du droit aussi, de nombreuses sources sont numérisées et des initiatives ont vu le jour, contribuant au tournant numérique de notre discipline. Des revues en ligne, des fonds de bibliothèque numérisés, des bases de données imaginées, créées et mises à disposition de la communauté scientifique… Ce sont ces initiatives que nous chercherons à mettre en lumière dans le cadre de ce webinaire pour en retracer la genèse, en discuter, et ainsi créer un espace de réflexions à partir et autour d’elles. Ce sont ces formes innovantes et contemporaines de la recherche et du savoir en histoire du droit que nous explorerons. 

Ces nouvelles formes de recherches et de diffusion supposent parfois de nouvelles écritures. La multiplication des blogs, des carnets de recherche ou des recherches intégrant des images, animées ou non, découle sur des modalités d’écriture qui évoluent au regard des schémas plus académiques : nous interrogerons tant leurs avantages que les difficultés qu’elles soulèvent. Au-delà des spécificités de type rédactionnel, l’usage des outils numériques suppose en outre d’intégrer et de mettre en œuvre de nouveaux principes comme l’”accessibilité” ou l’ “interopérabilité”. L’historien du droit peut se trouver ici confronté à un besoin de formation ou à la nécessité d’être accompagné dans son projet. Le webinaire a aussi vocation à faire connaître toutes ces voies d’apprentissage et de formation professionnelle. 

Le webinaire ne se limitera pas aux nouveaux supports de diffusion et aux nouvelles écritures que cela induit, il portera aussi sur les nouvelles sources dont les historiens du droit se saisissent, notamment les sources audiovisuelles : audiences des procès filmés, les historiens ayant ouvert la voie depuis longtemps déjà, films de fiction, documentaires mais aussi installations artistiques, objets d’art, collections muséales… 

Il s’agit donc – et cet argumentaire est loin d’être exhaustif et pourra se trouver enrichi par toute proposition – de valoriser des recherches contemporaines afin d’actualiser les contours de notre discipline en profitant par ailleurs des expériences menées dans d’autres disciplines : histoire, anthropologie, arts…

contact : nmaillard@parisnanterre.fr ; louise.testot-ferry@ut-capitole.fr